211 million de dollars. D’après Forbes, c'est le pactole que représente le cumul des salaires des 20 pilotes présents lors du championnat de Formule 1 2021. Comment sont définies les rémunérations des pilotes ? De quoi sont-elles composées ? Qui gagne combien ? On vous dit tout.
Comme dans tout sport, il faut distinguer plusieurs éléments dans les aspects financiers qui gravitent autour des athlètes. Il ne faut pas confondre :
- les salaires mensuels versés par les structures qui emploient les sportifs,
- les primes de résultat ou la prize money attribuée en fonction des performances réalisées aux épreuves, tournois ou championnats,
- les différentes rémunérations liées aux contrats publicitaires avec les marques et
- les coûts de transfert d’un sportif d’une structure à une autre, notamment lors des périodes dites de mercato.
Liberty Media ne donne pas de prize money
Notons tout d’abord que, à l’inverse du tennis, où par exemple un gagnant de Grand Chelem peut remporter un cash-prize versé par la structure organisatrice du tournois, ce fonctionnement n’existe pas en Formule 1.
Ainsi, alors que Raphaël Nadal a remporté en 2022, 2,2 millions d’euro suite à sa victoire à Roland Garros, Liberty Media, la société organisatrice du Championnat de Formule 1, détentrice de la marque Formula 1 et des droits TV, n’a pas déboursé un dollar à Max Verstappen pour son titre de Champion du Monde en 2021.
Une rémunération au résultat, payée par l’écurie
Cela ne signifie pas qu’une victoire n’a aucun impact financier pour les pilotes puisque les écuries attribuent des primes de résultats en fonction des performances de leurs athlètes.
Cette prime peut varier en fonction d’énormément de critères. Par exemple, Red Bull et Mercedes n’ont évidemment pas les mêmes moyens que Haas et Williams.
Ou encore, une qualification en pôle position, une première place aux essais libres ou une victoire de Grand-Prix n’ont pas la même valeur.
Tout dépend de la négociation que les pilotes, souvent accompagnés de leurs agents étant donné les montants en jeu, mènent avec leur écurie. Ainsi, Romain Grosjean mentionnait à nos confrères de L’Equipe en 2019 :
Chaque point au classement des pilotes rapporte de l'argent. Et d'autres bonus de performances peuvent être déclenchés, en fonction de votre négociation de contrat, tout au long de la saison.
Un salaire fixe… plutôt variable
En ce qui concerne le salaire fixe, le moins que l’on puisse dire, c’est que tous les pilotes ne sont pas traités à la même enseigne. La partie fixe de la rémunération va aussi être définie à la négociation avec le constructeur en fonction de deux éléments principaux :
Capacité du pilote à rapporter des points à l’écurie
L’écurie et le pilote chercheront à valoriser la capacité de ce dernier à gagner des points lors des prochaines saisons. Ce critère est assez subjectif mais est naturellement fonction des performances passées, de la tendance d’évolution du pilote, du projet qu’a l’écurie avec ce pilote, etc.
Capacité du pilote d’apporter des financements à l’écurie
Un pilote peut aussi rapporter gros à une team, plus directement qu’à travers ses résultats.
Par exemple, grâce au soutien d’un milliardaire Libano-Mexicain, Sergio Perez a apporté des millions de financement à Racing Point en 2019. Cela légitime le salaire de Perez, qui dans un sens, est pratiquement auto-financé pour l’écurie.
De la même manière, Nikita Mazepin a rejoint Haas en 2019 grâce au soutien financier de son père Dmitry. La société dont ce dernier est patron, Uralkali, une multinationale russe du secteur de l’engrais chimique, est devenue le sponsor principal de Haas en échange d’un siège baquet pour le jeune pilote russe. Un deal à peine voilé (et assez fréquent) qui facilite la négociation de salaire des pilotes.
Transferts: une Silly Saison de juin à août mais pas de Mercato
La période de juin à août de chaque saison est celle pendant laquelle les pilotes en fin de contrat — ou bénéficiant d’option de sortie ou de reconduite — cherchent l’écurie qui voudra et saura les accueillir dans les meilleures conditions.
A la différence du football, en Formule 1 les contrats ne prévoient pas de Mercato à proprement parler. En effet, il n’est pas possible pour une écurie de racheter le contrat en cours d’un pilote à une écurie concurrente.
Les contrats sont très bétonnés et tout y est prévu : rémunération fixe, conditions et des rémunérations variables comme nous venons de le voir, mais aussi clauses et options de sortie ou de reconduction qui verrouillent les pilotes de manière solide à leur écurie (et les écuries à leurs pilotes).
Les chiffres
Les données des contrats sont extrêmement confidentielles et très difficilement accessibles. Par ailleurs, étant donné les différences de négociations, seul le salaire complet (fixe plus variable) fait sens pour établir un classement.
C’est en croisant différentes sources financières publiques, des fuites de document et des discussions en off que Forbes a établit le seul classement crédible le plus récentconcernant le salaire des pilotes pour l'année 2021 :
en millions de dollars Fixe Variable Total 🥇 Lewis Hamilton 55 7 62 🥈 Max Verstappen 25 17 42 🥉 Fernando Alonso 25 0 25 4 Sergio Pérez 5 13 18 5 Sebastian Vettel 15 15 6 Charles Leclerc 12 12 7 Valtteri Bottas 10 10 8 Daniel Ricciardo 10 10 9 Lando Norris 3 6 9 10 Carlos Sainz 8 8
Par ailleurs, il existe aussi un [classement des salaires fixes des pilotes de 2022 établi par motorsporttickets.com.
en millions de dollars Fixe 🥇 Lewis Hamilton 40 🥈 Max Verstappen 25 🥉 Fernando Alonso 20 – Lando Norris 20 5 Sebastian Vettel 15 – Daniel Ricciardo 15 7 Charles Leclerc 12 8 Valtteri Bottas 10 – Lance Stroll 10 – Carlos Sainz Jnr 10 11 Sergio Perez 8 12 Kevin Magnussen 6 13 Pierre Gasly 5 – Esteban Ocon 5 – George Russell 5 16 Alexander Albon 2 17 Mick Schumacher 1 – Zhou Guanyu 1 – Nicholas Latifi 1 20 Yuki Tsunoda 0,75
Reste à savoir, si à l’issue du championnat, Hamilton en conservera la tête alors qu’il n’a pas gagné de course à ce stade et qu’il pourrait ne pas avoir de bonus cette année.
Les à-côtés : cadeaux de marques en nature, sponsors personnels
Evidemment ces chiffres peuvent difficilement prendre en compte les différentes rémunérations, en salaire ou en nature, qui ne sont pas directement liés au sportif.
Un pilote peut par exemple avoir des sponsors personnels et, en fonction de son contrat, négocier un placement sur la livrée de sa monoplace ou, plus fréquemment, sur son casque.
Certains pilotes, comme c’est le cas d’Hamilton, sont aussi des stars à rayonnement mondial qui ont la capacité de devenir de véritables ambassadeurs de marque et participer à des spots TV en l’échange de contrats très juteux.
Enfin, sur le paddock, on voit très souvent les pilotes avec les derniers casques audio high-tech, des montres hors de prix et des bijoux de luxe. Ce sont en réalité des cadeaux de marques qui cherchent à gagner de la visibilité sur les images retransmises partout dans le monde.
Tous ces à-côtés sont difficilement mesurables mais il est certain que, si l’ont compte la totalité de la rémunération d’un pilote (fixe, variable, à-cotés), le moins que l’on puisse dire est que la situation financière des pilotes de Formule 1 est loin d’être à plaindre.